LA REPRISE LIBRE EN MUSIQUE

Hélas la musique n’est trop souvent qu’un accompagnement, une musique de fond, d’ambiance sans âme.
Les changements de rythme, obligatoires, sont parfois trop tranchés, trop mécaniques et la couleur des différents morceaux disparates.
Bien souvent le tempo est marqué avec trop de force, les percussions trop présentes.

Présenter un cheval de dressage c’est avant tout mettre en valeur sa rondeur, la relaxation de ses gestes, son dynamisme, la facilité de ses déplacements, sa légèreté et son équilibre.

La musique n’est pas un accompagnement : elle doit faire partie du cheval. 
Cavalier, Cheval et Musique ne sont qu’un.

Or chaque cheval possède sa propre musique intérieure, sa cadence personnelle, son tempo !
Une « couleur » particulière, une « émotion » émane de chaque cheval!

Tout l’art consiste à sentir et à mettre en valeur cette touche personnelle du cheval.

C’est en quelque sorte le cheval qui dicte le choix de la musique…son cavalier n’est que le metteur en scène ou plutôt le compositeur.
Un compositeur, un créateur, cherche à faire passer une émotion, à refléter un état d’âme…il laisse par là entrevoir sa personnalité profonde.

Laissez entrevoir au spectateur, au juge, la spécificité de votre cheval !
Mieux : elle doit devenir évidente, éclatante !

Et la tâche est compliquée car cette musique doit aussi refléter votre personnalité !
Ne formez-vous pas qu’un seul être avec votre cheval ?

Si vous ressentez profondément cela alors vous pouvez vous mettre au travail !
 

   Comment procéder ?

Ecoutez beaucoup de musiques, dans des genres différents.
Vos goûts personnels vous aideront à faire un premier tri.

Voyez ensuite si les musiques de ce premier choix conviennent à votre cheval.

Commencez alors à travailler à cheval sur ces musiques .
Très vite vous sentirez si la couleur de la musique, sa cadence s’accordent avec la personnalité de votre cheval : cadence, énergie, force, douceur, dynamisme…mais aussi coté majestueux, malicieux, délié, rassemblé, ample…
Tachez de trouver des musiques qui dans leur déroulement ménagent des temps de préparation puis des temps forts suivis de retour au calme.
Vous éviterez ainsi les coupures trop fréquentes qui nuisent à l’aspect artistique de la reprise.
Bien des morceaux commencent doucement…le rythme s’installe…vous préparez par un cercle au trot…puis le rythme devient éclatant…vous entamez un appuyer dynamique…

Le choix est toujours personnel…tous les genres peuvent être utilisés.

Le choix des musiques peut être pour un même cheval très différent pour une présentation, un spectacle, une compétition avec ses règles strictes.

Le lieu de la présentation est aussi à prendre en compte.
Une musique intimiste peut être chargée d’émotion dans une salle fermée et sous les projecteurs et parfaitement inadaptée, ennuyeuse et inaudible sur un grand espace ouvert ou dans une carrière olympique.
L’inverse est également vrai !

N’oubliez pas non plus que vous allez faire des choix en fonction de vos goûts, de votre cheval, mais aussi du public, des juges, des modes, de l’actualité…

Essayez plusieurs enregistrements d’un même morceau.
Le tempo, la vigueur ou la douceur d’interprétation différent parfois beaucoup d’une interprétation à une autre…il y en aura toujours une qui conviendra davantage à votre cheval.
Vous pouvez aussi, mais dans une étroite marge, modifier par la technique et l’électronique le tempo de la musique sans déformer…

Voyez ensuite de façon pratique si à cheval vous ressentez toujours cette musique…faites de nombreux essais.

Commence alors le long travail d’adaptation de la reprise à la musique …et de la musique aux possibilités du cheval.

Ce travail se fait d’abord sans le cheval, crayon dans à la main, face au lecteur de disque.
Chaque morceau ou chaque passage doit être chronométré…de même un cercle d’un diamètre donné, dans l’allure désirée doit être chronométré (ou estimé), une figure, un passage.

Elaborez alors une première ébauche…essayez à cheval…modifiez…essayez…adaptez…recommencez…c’est un travail assez long !

Vous construirez ainsi peu à peu votre présentation.

Vous aurez souvent besoin d’un aide pour le coté pratique : mettre les musiques, observer, donner un avis…

N’oubliez jamais que votre cheval n’est pas une machine !

Vous ne pouvez pas répéter trop longtemps sans lasser votre cheval, sans qu’il ne précède vos demandes. Il doit garder sa fraîcheur et sa vigilance…pas être mécanisé !
Aussi vous répéterez également à pied…dans le Manège…au trot et au galop…une manière comme une autre de travailler son souffle !

De même lorsque votre présentation est au point ne la répétez pas trop avec votre cheval mais travaillez des passages dans le travail quotidien, sans que le cheval en ait conscience.

Vous devez cependant l’enchaîner dans sa totalité par moment.

Ce sont des manières de procéder.
Il en existe d’autres.
Le savoir-faire de chacun, la sensibilité personnelle, la culture musicale et équestre de chacun, le temps disponible sont autant d’éléments à prendre en compte.

. . . VOS REACTIONS . . .

P rofesseur de musique et cavalière j'aimerais apporter quelques précisions :

Il est important de savoir s'il s'agit d'une présentation en public (spectacle) ou d'un concours officiel (compétition), l'objectif étant sensiblement différent.
Tout ce que vous décrivez correspond à une démarche personnelle et libre du cavalier-artiste telle que vous et moi la concevons, une réelle recherche de l'harmonie entre cheval et musique. Mais il faut reconnaître que ce travail est ô combien difficile et qu'il demande beaucoup de qualités de la part du cavalier.

Tout d'abord il faut une véritable culture de l'oreille, c'est-à-dire une écoute régulière de la musique ou plutôt des musiques avec une certaine ouverture d'esprit, une oreille exercée et sensible : bref, il faut avoir l'oreille musicienne.
Cela implique également d'avoir une réelle notion du rythme et de le ressentir déjà à cheval (ce qui n'est pas évident pour tout le monde) pour ensuite être capable de faire le parallèle allures-musique et de le juger juste ou pas.

S'il s'agit d'une RLM en concours il y a des éléments majeurs à prendre en compte :

Préférer une musique instrumentale à une musique vocale qui a tendance à déconcentrer les juges (à cause des paroles).
Changer de tempo et donc de musique à chaque allure, ce qui est très difficile à réaliser avec harmonie.
Choisir une musique suffisamment rythmée qui rend la cadence de chaque allure évidente à des oreilles peu averties.
Réussir à placer toutes les figures imposées à chaque main en un temps défini pour chaque allure et donc chaque extrait choisi et ne pas dépasser la durée de 5 mn, entrée exclue.

Voilà les précisions que l'on pourrait ajouter à tout ce que vous avez expliqué, il faut être conscient que c'est un travail très difficile et beaucoup d'exemples peu convainquants le prouvent...

Personnellement j'en suis encore à la première étape qui consiste à trouver, choisir et arranger des musiques susceptibles d'accompagner les mouvements de mon cheval et je suis pourtant bien placée pour cela !

Et bien j'ai des difficultés à prendre en compte tous les paramètres tout en faisant quelque chose à mon goût...