" LES CRINIERES D'OR "
Cheval-Passion 2002 Avignon
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L'affiche
promettait un grand cru. Les Crinières d'Or 2002 ont tenues leur promesse. Des éclairages somptueux, un son irréprochable, des créations intéressantes pour cette nouvelle mise en scène de Maurice Galle. Un fil conducteur, tissé par le comédien Jean-Charles Raymond, Christian Delage et les élèves du conservatoire d'Art Dramatique d'Avignon sous la direction de Pascal Papini guidait le spectateur d'un numéro à l'autre. |
La
construction du spectacle, associant Théâtre, Musique, Art Equestre
et prouesses techniques était intéressante…Les acteurs sont doués,
la mise en scène parfois ingénieuse mais pourquoi nous proposer
un scénario aussi difficile, aussi sombre et parfois décousu ou
trahison, meurtre, haine et vengeance tiennent une telle place !
Quelques
épisodes comiques ont certes détendu l'atmosphère
mais le public vient avant tout pour se détendre, pour avoir du
plaisir, du bonheur...
Et du bonheur Maurice Galle et les artistes nous en ont donné.
Photo © P. Domec
D’entrée la salle prend vie au rythme des lumières.
Le subtil déplacement des couleurs tournoyant lentement sur les travées
anime la foule des visages dans une ronde cadencée autour de la piste.
L’impatience grandit…
Les Crinières d’Or peuvent commencer.
Oublions l’homme à la hache morbide qui ouvre
le spectacle pour nous laisser entraîner par les cascades époustouflantes
de la Troupe des Voltigeurs "Eshimbekov" du Turkestan
sur leur chevaux Orlov.
Course infernale en poste hongroise, cascades sabre entre les dents de la horde
des terribles guerriers des steppes de l’Asie Centrale, toniques amazones…Un
festival sur un rythme général endiablé !
Le passage du cavalier sous le ventre de sa monture lancée à plein
galop à quelques centimètres de la bordure de la piste est une
prouesse technique, l’équilibre du cavalier debout sur les épaules
de son partenaire lui-même juché sur la croupe de son cheval au
grand galop une performance.
Le Carrousel d’Amazone venant des différents Haras Nationaux est une initiative sympathique mais la monte est souvent approximative, agitée et seulement deux chevaux sur quatre sont en place.
Les foulées d’un bel étalon lâché
sur la piste en liberté annonce le monde des enchanteurs de la Compagnie
Amarok.
C’est la civilisation des grandes forêts de l’ouest, des forces obscures
de la nature, des noces barbares et mystérieuses entre des êtres
sauvages, chevaux et fées montées sur échasses, l’envoûtement
des guerriers par des femmes étranges aux appels troubles…Un rêve
Celtique en noir et blanc partagé par la salle.
Encore envoûtés nous succombons avec bonheur aux charme de ces écuyères et de leur chevaliers servants mis en scène par Maurice Galle lui-même.
Sylvie Corélou, Sophie Boutaud, Constance Laboute
et Carole Marti nous présentent un travail impeccable, léger,
harmonieux : du bel ouvrage, dans l’esprit de la Haute-Ecole, avec des chevaux
éduqués et confiants. L’osmose est totale entre les chevaux, les
écuyères et les musiciens qui les accompagnent : les deux guitares
donnent le rythme, les deux violons le liant et la grâce.
Les frères Mariotti, premier prix de guitare du conservatoire de Paris et premier violon de l’orchestre symphonique de Lausanne, accompagnés par deux autres musiciens, sont des habitués toujours aussi appréciés du public des Crinières d’Or.
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Olivier Boutaud et la chorégraphe Brigitte Lipari ont conjugués leurs talents pour associer un travail traditionnel de Doma Vaquera à la gestuelle de deux danseurs classiques hommes. Un renouvellement plutôt heureux d’un genre un peu trop vu en spectacle équestre.
Photo © P. Domec
Puis la Troupe Caracole met le feu
à la piste : gymnastes en flips et saltos arrières évoluant
au son des percussions, quelques figures de voltige un peu fades après
la prestation des voltigeurs du Turkestan, des jongleurs de feu à pied,
un cracheur de feu sur un cheval cabré…suivit d’un affrontement fascinant
chargé d’émotion, inspiré de la tauromachie avec des «
rejons » enflammés, entre un excellent percussionniste et un cavalier
dirigeant son cheval rênes attachées à la ceinture ( Ah
!…l’importance de la « ceinture » en équitation…!).
Ce même cavalier déclenchera l’enthousiasme du public en galopant
tout en faisant passer plusieurs fois un cerceau enflammé sous les sabots
de son cheval dans la sérénité, nous donnant des images
d’une grande beauté.
Photo © P. Domec
Magali
Delgado exploite habilement
les qualités explosives de son cheval « Bandolero »
: trot à extension soutenue, piaffer brillant, changements de pieds
au temps en grande complicité avec la troupe des « Complet’Mandingue
», percussionnistes aux voix chaudes et à la gestuelle balancée.
Ovation du public pour la « Pesade » finale, image de l’affiche de Cheval Passion. |
Photo © P. Domec
Humour et fantaisie avec « Charlot
» venu personnellement aux Crinières pour une délirante
parodie de cascade à couper le souffle !
Sous l’exploit athlétique de l’acteur, la poésie, l’émotion,
le rire, le bonheur partagé…Charlie Chaplin n’aurait pas eu à
rougir de la performance de Joël Chacon.
Le public ne s’y est pas trompé et laisse éclater sa joie !
La Garde Républicaine, fidèle
entre les fidèles, étonne cette année encore.
La fanfare transformée pour la circonstance en Jazz-Band aux cuivres
déchaînés soutient avec ardeur la chorégraphie particulièrement
inventive des trois cavaliers en un feu d’artifice ininterrompu de figures classiques
très proprement exécutées.
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Frédéric
Pignon c’est la sensibilité, le feeling, le sens de l’image et
de la beauté…Son tandem, souple, relaxé, déconcertant de
facilité présente un travail remarquable de précision alternant
galop, piaffer, passage, pas espagnol en osmose totale entre les deux chevaux,
leur écuyer et l’accompagnement musical.
Devenu libre l’étalon de tête évolue autour du cavalier…
« il suffit de lui parler gentiment, poliment, avec éducation ».
Frédéric, toujours humble et souriant, nous donne une splendide
leçon de dressage : douceur, compréhension, amour et respect du
cheval.
Photo © P. Domec
Pour finir que serait Cheval Passion sans
les Gardians Camarguais et leurs merveilleux chevaux
« étrange et beau miroir de leur civilisation ».
Pourchassé, maudit, le roi déchu, héros
malheureux de cette édition 2002, implore : « Laissez-moi partir
mais donnez-moi mon cheval…je vous en supplie !…Mon royaume pour un cheval…
! ».
Le fil conducteur de la soirée, écrit avec talent quoique très
sombre, trouve enfin sa justification…
La Parade des Artistes peut commencer accompagnée par un « bœuf » musical monumental de la Garde Républicaine et de tous les musiciens de la soirée…
Merci les artistes…à l’année prochaine
!
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Bernard CHIRIS |
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