Franck Liguori - Infographiste



           Franck Liguori, 26 ans, est infographiste de l'agence Elision Communication à Sophia Antipolis. Publicitaire s'occupant de campagnes nationales et internationales, il s'intéresse au cheval dans ses moments de loisirs.
 

 

© F. Liguori

                                        Photo, peinture, collage s'allient à l'infographie…avec beaucoup de créativité !


F.L : à la base, c'est une simple photo prise sur le vif.
La photo était techniquement très moyenne, mais l'attitude et le mouvement du cheval présentaient à mes yeux un réel intérêt. Toute la puissance que je cherchais depuis longtemps à capter chez ce cheval avec mon appareil apparaissait dans ce cliché.
 
Il ne manquait qu'un traitement graphique qui me plaise. La première opération a été de préparer un fond de peinture par grands mouvements libres avec l'utilisation de couleurs chaudes. Ces nuances véhiculent pour moi parfaitement la vivacité de ce cheval.
Le papier utilisé a été froissé avant l'application de peintures afin de créer un fond de matière vivant avec de la profondeur.
 
Une fois ce fond scanné, le cheval a été détouré sur ordinateur, puis retravaillé sur un logiciel de retouches en utilisant différents filtres, puis imprimé. A noter, que j'ai supprimé le licol du cheval sur ordinateur pour donner plus de liberté à cette image.
 
Les bords du document ont été déchirés, puis la photo a été collée sur différents papiers d'art fabriqués à base de chiffons et non de bois comme les papiers industriels. Ces effets n'apparaissent pas à l'écran bien sûr.
E.C : Pourquoi, en tant que graphiste, vous intéressez-vous au cheval ?
F.L: Je ne monte pas à cheval mais je suis attiré par l'énergie, la puissance, le mouvement qui se dégagent des chevaux. D'autant plus, qu'une légère intimidation me permet de les voir d'une certaine façon !
Le dressage m'attire particulièrement. C'est une pratique qui réclame assiduité, exigence et beaucoup de patience. Le travail se fait continuellement, mais chaque amélioration, chaque progrès semble apporter beaucoup de satisfaction.
La remise en question réapparaît sans cesse. Ce mélange entre passion, bonheur et parfois frustrations se rapproche énormément des pratiques artistiques telles que la musique qui réclame une grande part de technique, mais aussi et surtout une grande sensibilité. C'est, je pense la raison pour laquelle cette discipline m'attire et m'inspire un grand respect pour les personnes qui la pratique.
J'ai envie de capter des moments forts équestres par des oeuvres mi-illustration, mi-photo. Pour ce faire, lorsque mon épouse travaille avec son cheval, j'utilise un appareil photo numérique qui me permet de ne sélectionner que les photos intéressantes et de les retoucher aisément.
Le dressage me semble être la discipline qui intègre le plus de possibilités artistiques contrairement au saut d'obstacle ou autres qui sont plutôt des pratiques sportives.
Je suis particulièrement attiré par les travaux de Bartabas qui représente bien ce travail de longue haleine à des fins artistiques où les arts se mêlent : équitation, musique, mise en scène ou bien encore peinture comme l'illustre son film Mazeppa.
A mon stade, moi qui ne suis pas cavalier, mais mari d'une passionnée, j'essaie de comprendre, d'analyser ce milieu et de l'interpréter à ma façon et avec mes outils.
E.C : Qu'est-ce que le graphisme ?
F.L : A la base, il y a souvent les techniques traditionnelles comme le dessin ou la peinture. Mais toutes les techniques ont un intérêt, dans la mesure où elles sont utilisés avec personnalité.
Une photo peut-être très graphique. Par ses lignes de construction, ses cadrages, son message, elle peut comporter un intérêt esthétique.
Sur le plan informatique, on peut faire n'importe quel dessin dans un logiciel vectoriel ou de retouche de photos mais graphiquement c'est pauvre, froid et sans personnalité..
Tout l'intérêt de la technologie est de lui apporter d'autres sources plus artistiques.
Par exemple:
Je peux obtenir un fond flou sur ordinateur très facilement; je préfère partir d'une vraie photo ou d'un vrai fond, de le retoucher, d'utiliser de multiples logiciels. Mon but est de trouver les qualités de chaque technique en les mixant et en n'utilisant l'ordinateur que comme un outil et non une fin. Pour beaucoup de gens, je suis un technicien. Ces personnes ne voient que le coté mathématique de l'informatique, l'absence de créativité opposée à l'artiste peintre par exemple.
Or je n'ai jamais cessé de dessiner depuis l'âge de quatre ans et je continue.
 

E.C : Alors, comment faire entrer la vie dans l'ordinateur ?

 
F.L : Par une alliance entre la photo et l'ordinateur. Avec un photographe très créatif qui intègre l'ordinateur dans son esprit. On peut commencer par une vraie mise en scène. On pourrait le faire directement avec l'ordinateur mais il n'y a pas de vécu. L'idéal est de faire la mise en scène avec un véritable éclairage. Une multitude de petites astuces permettent de créer des effets photographiques, comme appliquer un filtre de gélatine devant l'objectif par exemple.
Après tout est retouché par l'ordinateur, la chromie (les couleurs ) en particulier, pour créer l'univers souhaité, dans un but publicitaire par exemple.
 

E.C : Une des principales applications de votre métier est la publicité…

 

F.L : Dans la pub, tout est retouché: ciel, portrait…Pour un mannequin, il y a deux heures de maquillage mais après, il y a aussi deux heures de retouches! Pour des campagnes sur des produits de beauté, par exemple, j'ai du retravailler les ombres de visages pour mettre en valeur le maquillage.

Les contraintes sont importantes, liées aux différents types de médias (annonces-presse, affichage, cd-rom ) et dans le cas de l'édition, aux différents types de support : papiers d'art, papiers courants, impression magazine ou encore journaux. Chaque type de support impose un travail spécifique sur les visuels afin d'obtenir une qualité homogène.
Le graphisme, c'est aussi le choix et le conseil de matériaux.
Le graphisme, c'est aussi adapter une image à son support.
E.C : Mais précisément, quel est votre métier ?
F.L : Je suis dessinateur maquettiste dans une agence de publicité. A l'origine, le dessinateur maquettiste mettait en page et exécutait la fabrication d'une création définie par un directeur artistique et un rédacteur-concepteur.
Aujourd'hui, tous ces métiers ont évolué et sont de plus en plus confondus, surtout dans les petites structures : un infographiste met en page sur ordinateur, mais bien souvent, il est à la fois, directeur artistique, rédacteur-concepteur et infographiste.
La première démarche, c'est l'idée de base, l'accroche pour un produit donné. Le métier de rédacteur à la base de la création. C'est lui qui oriente l'environnement graphique.
D'autres font la démarche inverse, du graphisme au texte.

E.C : Là, nous arrivons dans la société…

F.L : A la base, il y a une créativité personnelle en dessin, peinture etc..
Mais le graphisme, c'est aussi une interprétation personnelle qu'il faut gérer, parfois limiter en fonction de l'attente que les gens ont d'un produit (révélé par les études commerciales, la désignation des cibles ), de l'environnement graphique ( les tendances, les modes, les couleurs les sensibilités ).
 
E.C: Quel est l'air du temps ?
F.L: Nous sommes dans une période, graphiquement parlant, de simplicité, avec un style épuré. L'époque est aux vraies valeurs et la pub frime n'a plus sa place. Aujourd'hui, le consommateur est averti, il connaît les produits et les offres. On ne le trompe plus. La communication se doit d'être convaincante, et elle doit véhiculer une image crédible et adaptée. Dans la période précédente, l'art graphique étaient très élaboré: il fallait prouver sa technique.

Les polices de caractères ont aussi une vie, une époque. Dans la deuxième moitié des années 90, les polices étaient high-tech, très travaillées, créatives. Actuellement, c'est la simplicité, le dépouillement, avec des détails plus subtils, le retour d'une façon plus générale à du plus authentique par exemple comme dans la santé, l'alimentation.

ll faut suivre graphiquement les grandes tendances mais aussi savoir apporter des évolutions.
Une police est très importante, car elle peut faire reconnaître directement une marque.

 
E.C : On parle beaucoup du développement de la pub sur internet, qu'en pensez-vous ?
F.L : Sur internet, li y a un énorme mélange entre professionnels et privés(les sites personnels). Tout le monde peut l'utiliser et beaucoup ne se privent pas d'utiliser dessins, images, textes etc, sans aucun droit. A titre privé, ce n'est pas grave, à but lucratif, ça devient gênant.
Dans l'édition et la pub, il y a un énorme écart avec les pratiques sur internet. Si on utilise la moindre photo sans en payer les droits, on est attaqué dans la semaine: dans la pratique, on loue des photos à des photothèques de différentes sociétés ou on fait travailler un photographe.
Au niveau technique, j'aimerai Internet quand on pourra utiliser et transférer des documents de qualité. Pour l'instant, Internet, c'est de la visualisation, parfaite sur le plan de l'information, mais graphiquement inexploitable.
 
E.C: Pour finir, comment êtes-vous devenu infographiste ?
F.L:J'ai passé un bac arts plastiques puis un BTS communication et action publicitaire.
La formation intégrait peu d'applications graphiques, mais j'ai acquis une vraie formation commerciale et une réflexion publicitaire ( cibles, concurrence, stratégie )
Dans les études publicitaires, je me suis vite spécialisé dans la création et j'ai toujours dessiné.
J'ai ensuite travaillé dans une agence de publicité. Après mon service militaire en 95, je n'avais jamais vu d'ordinateur. J'ai tout appris en deux nuits et je suis du genre perfectionniste…le stress assuré!
 
E.C: Est-ce un bon métier ?
F.L: C'est un métier passionnant et très spécial! On a l'impression d'être médecin du monde sauf qu'on ne sauve pas de vie! Uniquement des délais irréalisables! Le stress est constant, beaucoup de compétition mais un coté artistique essentiel.
Il y a parfois des conflits entre la création et la volonté de faire du chiffre. Il y a une déontologie à respecter par exemple conseiller le client, éviter d'avoir deux entreprises concurrentes.
L'autre attitude, c'est d'accepter la volonté du client même si c'est laid…Non, ce n'est pas ce que je veux faire.    

Interview réalisée par Elisabeth CHIRIS
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